La grande villa antique d’Auxerre « Sainte-Nitasse »:
Le site est connu pour son potentiel archéologique depuis le XIXe siècle, il n’est toutefois fouillé pour la première fois qu’à la création d’une gravière en 1966. Un décapage sommaire de 2400 m² a alors révélé un corps de bâtiment rectangulaire de plus de 700 m² comportant une dizaine de pièces dont une à abside. Les murs étaient constitués de moellons, de fragments de stèle funéraire et de colonnes. Le mobilier associé attestait pour sa part une occupation du Ier au IVe siècles. Quelques indices laissaient entrevoir la présence de mosaïques ou de pièces à hypocauste (chauffage par le sol). Cet établissement appartenait donc à une classe aisée voir aristocratique.
En 1976, cette prairie humide inoccupée pendant des siècles est reconvertie en aire de gens du voyage. L’aire est fermée en 2013 et abandonnée jusqu’à aujourd’hui. Les fouilles préventives conduites par l’INRAP sur une surface d’1,6 hectare interviennent dans le cadre de la construction du futur contournement routier de l’agglomération auxerroise..
Elles révèlent un édifice gallo-romain immense de 4.000 m² : la partie dévoilée correspondant à la pars urbana, autrement dit la zone résidentielle de cette villa, l’autre partie dédiée à l’agriculture, la pars rustica restant encore largement à délimiter, même si quelques aménagements de cette dernière ont été mis au jour.
Le bâtiment est entouré à l’ouest, au nord et à l’est d’un mur d’enceinte. Il s’articule autour d’un jardin carré de plus de 450 m² de côté, fermé par un bassin quadrangulaire au nord et par une petite fontaine au sud. Cet espace est entouré par des galeries qui desservent des pièces de réception, des espaces techniques et peut-être une cuisine. Les thermes, eux aussi rattachés à l’habitation, sont situés dans l’aile orientale. Fait marquant, la terre de la zone n’ayant pas été retournée par des engins agricoles, on retrouve sur le site des vestiges de murs plus hauts que d’habitude.
Les premiers résultats suggèrent l’existence de deux phases de construction, mais il est possible qu’il y en ait en réalité trois, marquant les différentes étapes de l’histoire de cet établissement rural. Les recherches à venir permettront de déterminer si son évolution est liée à celle d’Autessiodurum (l’actuelle Auxerre), qui passe d’une agglomération secondaire au début du Ier siècle à une capitale de cité au IVe siècle. Si l’ampleur des constructions laisse entrevoir le mode de vie particulièrement aisé des occupants, l’étude des vestiges de leur quotidien reste indispensable pour mieux les comprendre.
Les grandes villae de la Gaule romaine se distinguent par leur vaste étendue, couvrant souvent plusieurs hectares, ainsi que par le développement notable de leur partie résidentielle (pars urbana), comme c’est le cas ici. Elles se caractérisent presque systématiquement par la présence de bains privés, souvent de grande taille, situés en lien direct ou à proximité immédiate de l’espace résidentiel. L’architecture y est généralement raffinée, faisant appel à des matériaux luxueux tels que le marbre, les mosaïques ou les fresques. Ces demeures incluent également des aménagements spécifiques : bassins, fontaines, jardins parfois organisés autour de plusieurs cours, ainsi que de petits sanctuaires domestiques. Ces villae constituaient le centre de vastes domaines appartenant à de riches propriétaires terriens, sans doute membres de l’élite politique des cités antiques. Il est rare que la pars urbana de ces établissements soit explorée aussi largement que dans le cas présent.
On peut envisager une villa "aristocratique", appartenant à quelqu'un qui avait des richesses, des responsabilités (pourquoi pas municipales, puisque l'on est proche d'Auxerre), un propriétaier foncier qui avait du personnel sur place.
Alexandre Burgevin INRAP
Visité en 2025.
Une affluence incroyable: le site ouvrait à 10h00, je suis arrivé à 10h40 et les visites disponibles étaient à partir de 16h00. Beaucoup de gens (venant parfois de loin et en famille) sont repartis sans pouvoir visiter le site. Pourtant, la météo n'était des plus clémente.
Lieu-dit “Sainte-Nitasse“ 89000 Auxerre
Sources:
https://www.inrap.fr/une-grande-villa-antique-auxerre-yonne-20067
En autre, les archéologues ont exhumé des éléments qui rendent compte de la richesse archéologique du site : des fibules (agrafes) en forme de soleil, d’oméga et même d’oiseau, du verre à vitre coloré (« on en aura bien plusieurs kilos à la fin des fouilles »), des restes de vases et même une clef en forme de lion qui attend encore d’être nettoyé par les spécialistes.
Mais aussi, une belle hache polie du néolithique.
Mais le site ne livre pas que des traces de l’Antiquité. Une zone médiévale, datée au moins du XIIIe siècle, est aussi en cours d’analyse. Là, les fonctions des bâtiments restent encore floues, faute de mobilier. « On a des murs bien bâtis, mais peu d’objets. Les fouilles à venir nous aideront à mieux comprendre pourquoi cet édifice a été installé à cet endroit-là et en bordure du site de l’ancienne villa gallo-romaine.
Il faudra encore creuser pour mieux comprendre », confie Alexandre Burgevin. Protégé pendant des siècles par une prairie humide puis recouvert de déblais, le site a été préservé presque par hasard. Les recherches doivent se poursuivre jusqu’en septembre.
Visite du site filmée malgré une météo "capricieuse".
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