Décidément, le site archéologique d'Ormesson fournit bien des surprises !
Depuis 2009, le site archéologique d’Ormesson est fouillé chaque été par Pierre Bodu (directeur de l'équipe d'Ethnologie préhistorique au CNRS) et son équipe.
Il avait déjà révélé un niveaux du Paléolithique moyen (- 50 000) occupé par des hommes de Néandertal, et des niveaux du Paléolithique récent occupés par Homo sapiens vers - 35 000, - 28 000, - 21 000 et - 19 000). C'est parce que la chasse y était fructueuse, (notamment la chasse au bison) et qu’il y faisait bon vivre que ces populations préhistoriques se sont installées là à plusieurs reprises.
Aux alentours de 45 000 ans un groupe de néandertaliens, matrisant la taille du silex dites discoïde (blocs taillés en forme de disque) occupe une plage de sable fin. L’abondance de vestiges répartis sans doute sur près de 800 m², témoigne, entre autres, d’une activité de chasse du cheval et du bison. La fouille a également mis au jour la plus grande quantité de colorants rouges, oranges et noirs, qui ait été trouvée jusqu’à présent dans un gisement du Paléolithique moyen. La compréhension de la fonction de ces objets est au cœur des préoccupations des archéologues alors que les néandertaliens ne sont pas réputés pour avoir exécuté des œuvres d’art sur les parois des grottes.
En 2019 nous avions assisté à la visite du site des Bossats sur la commune d'Ormesson (77). Une visite présentée par Mr Pierre Bodu.
Les Bossats
Nous étions donc resté avec près de 50 000 ans d'occupation pour les Bossats.
C'était sans compter sur un "second terrain de jeux" qui fut octroyé par la mairie d'Ormesson, coté ouest du chemin d'accès au site de fouilles, au lieu-dit La Maladrerie. Et là, un truc de malade... La durée d'occupation du site est multipliée par deux! Sous près de trois mètres de sédiments et au milieu des blocs de grès des éclats Levallois datés de 90 000 ans environ, enfin des pointes Levallois datés de 110 000 ans !
Sur le site d'Ormesson entre les Bossats et la Maladrerie, trois niveaux d'occupations successifs de la population néandertalienne déterminés grace à la technique de taille des silex (Le Discoïde, Levallois et Levallois à pointes).
A gauche, la Maladrerie, à droite, les Bossats.
La Maladrerie
Pierre Bodu (directeur de l'équipe d'Ethnologie préhistorique au CNRS)
À la période dite moustérienne (au Paléolithique moyen, il y a environ 100 000 ans), un premier groupe de néandertaliens s’installe en contrebas des chaos de blocs de grès à l’ouest du gisement. Ils maîtrisent la méthode de taille du silex nommée Levallois (site éponyme : Levallois-Perret, Hauts-de-Seine) qui permet de prédéterminer la morphologie des éclats obtenus. Ici à environ deux mètres de profondeur dans un sable devenu orange par les effets de la pédogénèse (processus de formation des sols), ce sont des pointes Levallois et un probable métapode (os de la patte) de cheval qui ont été trouvés en 2020 dans un sondage de surface limité.
Avec l'homme de Néandertal, l'outillage sur éclat connaît un développement de plus en plus important. Une technique nouvelle apparaît : c'est la technique « Levallois ».
Principalement employée au paléolithique moyen, dans les cultures moustériennes, elle permet d’obtenir des éclats, des lames ou des pointes.
La pointe est l’un des outils principaux de la longue période moustérienne. La diversité de ses formes et le soin souvent apporté à sa taille soulignent son rôle de premier plan. Cet outil présente une silhouette se rapprochant généralement du triangle, son extrémité est pointue.
D’après leur forme, les pointes étaient tout particulièrement utilisées comme armatures de flèches, de javelot ou pouvaient servir seulement de pointes à main.
En 15 ans, la richesse des vestiges mis au jour (restes d'animaux abattus à la chasse, zones de foyers et combustibles, présence de colorants…) fait de ce gisement un site exceptionnel dans le paysage préhistorique du Bassin Parisien et un site majeur pour la connaissance des premiers groupes d'Homo sapiens et des dernières populations néandertaliennes. Sous nos pieds, 110 000 ans d'histoire !
Sources:
https://archeologie.culture.gouv.fr/fr/ormesson-les-bossats
https://www.tourisme-paysdenemours.fr/ormesson
https://www.museum-lehavre.fr/fr/collections/pointe-levallois
Site archéologique des Bossats,
rue de la Vallée 77167 Ormesson
Se renseigner auprès du musée de Préhistoire de Nemours
Dernière minute:
J'ai eu la chance d'assister à une conférence sur les 15 ans de fouilles du site d'Ormesson dirigé par Pierre Bodu assisté de Florian Perrron, doctorant spécialiste de la connaissance pétrographique et pétrologique des silexoïdes du Bassin parisien.
Une conférence passionnante retraçant les 15 années de recherches et de rebondissements qui ont jalonné cette aventure. Cette aventure qui est loin d'être terminée... Plusieurs décennies de fouilles sont encore prévues ! Chaque année apportant son lot de surprises.
Florian Perron nous apprendra que suite à un examen minutieux d'infimes restes de silex trouvés sur le site, il a réussi a déterminer que des silex provenaient du Grand-Pressigny, situé à côté de Châtellerault (département de la Vienne).
Les plus vieux indices de présence remontaient à déjà 45 000 ans ils y a 5 ans, 110 000 ans à ce jour. Sauf que Mr bodu nous à livré un information incroyable: Le dernier jour des fouilles 2023, sur le secteur Moustérien Levallois à pointes, il a effectué un prélèvement à la tarière. Et aussi surprenant que cela puissse paraitre, il a remonté des silex taillés !
Voila un nouveau niveau archéologique à fouiller et à dater (encore une surprise)
Les 110 000 ans peut-être dépassés ? Des années passionnantes à venir !
Sources:
https://umrtemps.cnrs.fr/membre/perron-florian/#programmes-de-recherche
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