les 60 ans de Pincevent

Pincevent est le plus grand gisement magdalénien fouillé en Europe et l'un des mieux conservés. Il a livré les vestiges d'un campement magdalénien saisonnier de chasseurs de rennes datant d'environ 12 300 ans avant le présent (AP). Sa découverte en 1964, puis sa fouille sous la direction d'André Leroi-Gourhan, ont permis des progrès importants dans la connaissance du Magdalénien mais aussi dans les méthodes de l'archéologie préhistorique.

Le site de Pincevent se trouve dans une sablière exploitée depuis 1926. À partir de 1956, des découvertes fortuites y sont réalisées, puis des fouilles de sauvetage concernent un cimetière du Ve siècle. Des édifices gallo-romains, un cimetière gaulois, 10 à 11 foyers probablement néolithiques et les premiers foyers magdaléniens sont détruits par l'exploitation de la carrière entre 1956 et 1964, malgré la surveillance de chercheurs bénévoles dépourvus de moyens d'intervention.

L'un de ces chercheurs, Isabelle Roux-Rath, spécialiste de paléoclimatologie, qui réside à la Grande-Paroisse, alerte l'équipe d'André Leroi-Gourhan, le Centre de recherches préhistoriques et protohistoriques de l'université de Paris-I, qui intervient dans un premier temps dans le cadre de fouilles de sauvetage.

Sauvegardé grâce à l’engagement d’André Malraux, premier ministre des affaires culturelles, qui fait suspendre l’exploitation du gisement et acheter le site par l’État, et d’André Leroi-Gourhan, grand anthropologue du XXe siècle, qui y a développé la fouille en aire ouverte, ce site abrite le premier moulage d’un sol préhistorique, réalisé et présenté dès 1964 dans un petit musée de site, préfigurant le concept actuel de « centre d’interprétation », et aujourd’hui protégé au titre des monuments historiques, comme l’ensemble du terrain. À Pincevent en effet, on marche littéralement sur le sol préhistorique, notamment sur un niveau appelé IV-20, qui a été fouillé pendant des dizaines d’années sur plusieurs milliers de mètres carrés.

 Les fouilles peuvent donc continuer dans de meilleures conditions, sous la direction d'André Leroi-Gourhan jusqu'en 1985, puis par la suite par son équipe.

Des sondages montrent que, malgré les destructions, l'habitat s'étend encore sur au moins 1 ha.

Pour les hommes préhistoriques, le site a deux attraits principaux : un gué sur la Seine et un gisement de silex sur les berges. Précisons cependant que les gués sont très nombreux sur cette portion de la Seine : le suivant en aval est à Tavers, où la rivière est encore moins profonde qu'à Pincevent, et on en trouve sept entre Pincevent et Saint-Mammès, à 8 km de là. Vers l'amont, il y en a sept entre Pincevent et le pont de Montereau.

L'organisation spatiale des vestiges lithiques et osseux ainsi que des foyers a été conservée de manière exceptionnelle par les fins limons d'inondation de la Seine. Leur étude a mis en évidence des aires d'activités circulaires correspondant vraisemblablement à l'emplacement d'habitations. Il a donc été proposé à titre d'hypothèse que les habitants vivaient dans des tentes démontables faites de peaux, similaires aux tipis des Nord-Amérindiens.

Et pour les 60 ans de la découverte, nous avons eu la chance d'avoir Claudine Karlin ( préhistorienne, spécialiste d'ethnoarchéologie et de technique lithique. Chercheuse au CNRS depuis son entrée dans l'équipe d'André Leroi-Gourhan en 1966, membre de la direction du site archéologique de Pincevent en Seine-et-Marne (1964-2008), responsable de la mission "Ethno-Renne" (1996-2001), sous-directrice de l’équipe "Ethnologie préhistorique" dans l'UMR 7041 (1994-2006), directrice adjointe de l’UMR "Archéologies et Sciences de l’Antiquité" (EP1730), aux cotés d’Anne-Marie Guimier-Sorbets (1998-2005))pour nous présenter et expliquer le fameux moulage du niveau IV-20. Un moment  incroyable et personnellement riche en émotions !

La réalisation systématique de remontages des blocs de silex a mis en évidence des niveaux de compétences différents pour la taille du silex : certains tailleurs étaient expérimentés, d'autres étaient encore en phase d'apprentissage.

Le site préhistorique de Pincevent fait l'objet d'un classement aux Monuments historiques par arrêté du 1er septembre 1988.

Visité durant les journées du patrimoine 2024.

 

Chemin rural 77130 La Grande-Paroisse

 

Sources:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pincevent

https://daac.ac-creteil.fr/IMG/pdf/lesrencontresenseignantsdanslesinstitutionsculturelles-pincevent-a-propos.pdf

Me Claudine Karlin, qui a travaillé à Pincevent de 1964 à 2012, et participé à la direction collective.

La zone jaunatre sans aucun vestige archéologique devant Me Karlin est le dernier "coup de pelle" de la sablière !

La sablière en eaux en 2024. Dans les fourrés, en bas à gauche de la photo, le fameux niveau IV-20 .

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