Entre mer et étangs, située à 4 km de Palavas sur une île reliée au continent par un cordon littoral, comme coupée du monde, se dresse la cathédrale de Maguelone. Cet imposant monument de style roman niché au cœur d'un jardin arboré, fût pendant plus de mille ans l'un des plus hauts lieux de la chrétienté en Languedoc méditerranéen. Témoin d'un passé riche et tumultueux, elle représente l'un des plus beaux exemples de ces églises forteresses qui veillaient sur le littoral languedocien au Moyen-âge.
Pour résister autant à l’envahisseur qu’aux embruns, la cathédrale est bâtie de pierres en calcaires dur, de teinte grise, selon un appareillage simple régulier. Les contreforts ne sont pas très saillants car les murs sont épais de 2 à 2.5 mètres. La couverture est constituée de dalles de pierre.
La façade occidentale, large de 15 mètres et haute de 19 mètres au faîte, était encadrée par deux tours s’appuyant sur les contreforts : La tour de droite a été détruite à l’initiative de Richelieu, alors que celle de gauche dite tour de l’évêque a été en partie conservée.
A gauche, la tour de l’évêque est également bâtie en pierre de taille, mais de calcaire coquiller jaune ocre. Selon les auteurs, la pierre grise était réservée à l’extérieur de la cathédrale, pour son rôle défensif, alors que l’intérieur de la cathédrale, moins exposé, est traité en calcaire coquillier.
Le portail se situe entre les deux contreforts qui sont espacés seulement de 3.43 mètres. Il était flanqué de deux tours imposantes qui laissaient un étroit passage à son accès : la tour Saint-Jean, actuellement détruite, et la tour de l'Évêque, dont il ne reste que des lambeaux de façades ruinées. Ces deux tours ont été édifiées au XIIIe siècle.
Les piédroits abritent deux très beaux bas-reliefs de marbre blanc représentant saint Pierre à droite, et saint Paul à gauche, les deux patrons de la cathédrale. Saint Pierre, assis, tient les clefs dans une main et le livre des Évangiles de l'autre. Saint Paul, un genou fléchi, brandit une épée dans la main droite et les Épîtres dans l'autre. Les tuniques et les manteaux à l'antique des deux personnages sont très soigneusement dessinés. Les deux dalles datent du XIIe siècle, et faisaient sans doute partie initialement d'un grand tympan de plein-cintre.
Le linteau est très long comparativement au portail, et d'un art plus évolué. Il est sculpté d'un superbe rinceau d'acanthe au dessin raffiné. Sur la bordure se trouve une inscription latine datée de 1178 et signée Bernard de Tréviers. En voici la traduction :
« À ce havre de vie, venez, vous qui avez soif.
En franchissant ces portes, corrigez vos mœurs.
Toi qui entres ici, pleure toujours tes fautes,
Quel que soit ton péché, il est lavé par une fontaine de larmes.
+ Bernard de Tréviers a fait cela en l'an de l'incarnation du Seigneur 1178. »
Le linteau intérieur de la porte de la cathédrale est un remploi d'une borne milliaire datant de l'époque de Tibère (entre 14 et 37 ap. J.-C.), et provenant peut-être du territoire antique de Béziers.
Le tympan est entouré d'une archivolte brisée de marbre polychrome. C'est l'élément le plus récent du portail. Le Christ est représenté en majesté, sur un trône cannelé, bénissant de la main droite, et tenant le Livre de Vie. Il est vêtu d'un drap au dessin complexe, et s'inscrit dans une gloire polylobée. Il est entouré des quatre " vivants" de l'Apocalypse, figurant les quatre Évangélistes : l 'homme (l'ange), l'aigle, le lion et le bœuf. Ces vivants tiennent de longs phylactères représentant les évangiles. La composition est dense, dans un style antiquisant.
A l’intérieur, en entrant, on est impressionné par la pénombre sous la voûte en berceau plein cintre de la tribune des chanoines. La sobriété et la couleur ocre imposent le respect. La nef est constituée d’un vaisseau unique, de quatre travées et d’un avant-chœur, en berceau légèrement brisé, séparée par des arcs doubleaux. Le transept s’ouvre sur de grandes arcades s’appuyant sur des colonnes engagées. Le chœur, semi circulaire, est couvert d’une voute en cul-de-four. Entre deux niveaux de corniche, de petites arcatures aveugles soutenues par des colonnettes engagées encadrent trois baies en plein cintre. Les bras du transept associés aux absidioles forment de petites chapelles. Sur le bras nord, chose rare, il y a une deuxième chapelle à l’étage.
De la construction du XIe siècle subsiste la chapelle Saint Augustin, chapelle qui se trouvait à la base d’une tour de défense.
La cathédrale fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.
Visité en 2024.
Lieu dit Maguelone, 34750 Villeneuve-lès-Maguelone
Accès libre
Sources:
Sarcophage du VIe siècle
Dalle funéraire d’Izarn de Barrière
Dalle funéraire d’Antoine de Subiet-Cardot
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