Tasciaca était un vicus (agglomération secondaire) antique, caractérisé par un ensemble d'aménagements gallo-romains situés dans les communes de Thésée, Pouillé et Monthou-sur-Cher, de part et d’autre du Cher.
Le nom de Tasciaca apparaît sur la table de Peutinger ; il désigne une étape sur l'itinéraire d'Avaricum (Bourges) à Caesarodunum (Tours). L'agglomération, à la limite des civitates des Turons, des Carnutes et des Bituriges Cubes, semble se développer dès le début de notre ère ; elle est très active sous le Haut-Empire avec une importante production de céramique commune, de verrerie et d'objets métalliques avant de décliner à partir du IIIe siècle, sans toutefois être totalement délaissée sous les Mérovingiens.
L'élément le plus connu du site est le complexe des Mazelles (ou Maselles), ensemble monumental de bâtiments sur la rive droite du Cher, peut-être lié à la navigation sur la rivière ou au trafic routier et dont le plus grand édifice a une emprise au sol de près de cinquante mètres de long sur une vingtaine de large. D'autres vestiges, dont peut-être un temple, identifiés au début des années 2000 à l'ouest du site jusqu'alors localisé à Thésée et Pouillé, montrent que Tasciaca semble en fait s'étendre à la commune voisine de Monthou-sur-Cher, vers l'aval, et s'étirer sur plus de deux kilomètres le long du Cher. Tout reste à découvrir du cœur de cette agglomération, de ses bâtiments publics et de sa ou ses fonctions.
L'origine du nom des Mazelles est à rechercher dans l'évolution du nom latin maceriae, traduisible par « ruines ». Les Mazelles ont probablement été construites au cours du premier tiers du IIème siècle, sous le règne de l'empereur Hadrien, période de paix et de prospérité dans l'ouest de l'empire romain.
Le plus important des bâtiments, au nord, mesure après extension plus de 48 m de longueur sur près de 20 m de largeur, l'élévation de ses murs étant localement conservée sur 5,50 m. Il se compose d'une vaste salle non cloisonnée flanquée au sud d'une galerie accompagnée de deux pavillons (40 × 19,40 m pour l'ensemble de ces constructions). Trois portes y donnent accès (ouest, est et sud) et 27 fenêtres, majoritairement situées en partie haute des murs, l’éclairent. L'emplacement de ces fenêtres, à 4,70 m de hauteur, probablement juste sous la charpente, est difficile à expliquer. Ce bâtiment fait l'objet d'une extension non datée vers l'est (8,50 × 14,70 m). La reprise de construction est bien visible sur le mur nord, côté extérieur : absence de ressaut à la base du mur, disposition différente des lits de terres cuites.
Les deux autres bâtiments sont situés dans la partie sud du site ; ils sont construits selon le même principe architectural, mais leurs murs sont un peu moins épais que ceux de l'édifice nord.
Le tracé du mur d'enceinte du site n’est que partiellement reconnu : son grand côté ouest mesure 82 m de long et il est percé d'une porte de 3,16 m de large équipée d'une forme de vestibule en avancée à l'intérieur de la cour. À partir de l'angle nord-ouest de ce mur, le côté nord est conservé sur 18 m en direction du grand bâtiment des Mazelles. Il est attesté mais non visible côté sud sur plusieurs dizaines de mètres sous l'emprise de la D 176 ainsi que, côté est, au droit du grand bâtiment.
La vocation de cet ensemble n'est pas certaine. L'hypothèse qui est toutefois la plus vraisemblable est celle d'un établissement lié à la circulation et au commerce sur la voie Bourges-Tours (peut-être une mansio) ou au trafic fluvial sur le Cher; dans cette hypothèse, le bâtiment principal constituerait un entrepôt ou un bâtiment public à fonctions multiples, les structures les plus petites étant soit des bâtiments de service comme des écuries, soit des hôtelleries permettant de loger les voyageurs.
Les fouilles et les prospections réalisées dans l'enceinte et dans les bâtiments des Mazelles révèlent la pauvreté du mobilier archéologique, varié dans sa composition mais quantitativement très réduit. Plusieurs raisons peuvent être invoquées : les observations précises sont très partielles ; les Mazelles ont fait l'objet de pillages ; au moment de son dégagement au milieu des années 1960, alors que le site est occupé par des cultures (jardins, vignes, vergers…), une grande quantité de terre est retirée sans observation, le seul impératif étant de cesser le décapage lorsque des maçonneries apparaissent, ce qui aboutit certainement à la destruction d'un important matériel archéologique.
Les ruines romaines des Mazelles, propriété du conseil départemental de Loir-et-Cher, sont classées comme monument historique dans la liste de 1840.
Visité en 2025.
5 Rue Romaine, 41140 Thésée
Fermé lors de mon passage
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