La flèche de Notre-Dame de Strasbourg

En 1284 arrive sur le chantier le premier architecte de la cathédrale dont le nom soit connu : maître Erwin, dit « de Steinbach ».

Celui-ci effectue d’importants changements dans le projet de la façade par rapport au dessin B, ce qui implique de modifier les éléments déjà construits. Une fois le premier niveau complètement achevé, il pose le grand gâble et érige le premier étage de la tour sud, qui est terminé au plus tard en 1316, en même temps que la chapelle de la Vierge à l’intérieur de la cathédrale, ainsi que probablement la tour de croisée. Avant de mourir en 1318, il a encore le temps de lancer la construction du premier étage de la tour nord.

La maîtrise d’œuvre passe alors au fils d’Erwin, Johannes, qui achève le premier étage de la tour nord, puis assemble vers 1330 la grande rose occidentale, ainsi que la galerie la surplombant. Il est probablement aussi celui qui achève la tour sud, bien qu’il puisse également s’agir de son neveu, Gerlach. Ce dernier prend en effet la succession de Johannes à la mort de celui-ci en 1339, même si les deux hommes ont probablement travaillé ensemble depuis longtemps, ce qui rend difficile l’attribution tranchée à l’un ou à l’autre de certaines parties. Entre 1340 et 1347, Gerlach construit la chapelle Sainte-Catherine, puis se consacre à l'achèvement du deuxième étage de la tour nord, donnant à la façade un aspect similaire à celle de Notre-Dame de Paris*. 

Cependant, entre 1340 et 1360, alors que la construction de la tour nord est presque achevée, un changement de plan majeur se produit : il est décidé de construire entre les deux tours un ouvrage qui viendra remplir l’espace vide. Gerlach réalise alors le dessin nº5, qui montrant cette structure et l’adaptation du programme iconographique de la partie supérieure de la façade réalisée en conséquence. Le chantier prend toutefois du retard et si Gerlach parvient à terminer la tour nord en 1365, c’est à son successeur, Michel de Fribourg, que reviendra la tâche de combler l’espace entre les deux tours, non sans avoir quelque peu modifié le plan de Gerlach. La raison d’être de cette construction, dont l’exécution est assez peu soignée et qui n’a alors aucune fonction, demeure cependant obscure, bien qu’il ait pu s’agir de préparer visuellement la façade à l’érection de flèches de grande hauteur.

C’est en effet dans ce but que la ville embauche en 1399 l’architecte le plus réputé de l’époque : Ulrich d’Ensingen. Celui-ci conçoit une grande tour octogonale entouré de quatre tourelles d’escalier indépendantes et coiffée d’une haute flèche à escalier central. À sa mort en 1419, l’octogone est construit aux trois-quarts, mais son successeur, Jean Hültz, modifie le projet : au lieu d’un escalier central, la flèche octogonale aura huit escaliers rampants sur ses arêtes extérieures. L’ouvrage, achevé en 1439, culmine à 142 m et devient de ce fait la plus haute tour de la chrétienté. 

L’achèvement de la flèche ne marque pas la fin de la cathédrale, ne serait-ce que parce que les tours n’ont alors pas encore été voûtées, une disposition permettant de hisser plus facilement les matériaux. Mais c’est surtout parce qu’il ne fait aucun doute en cette deuxième moitié du XVe siècle qu’une deuxième flèche va être construite. Néanmoins, ce chantier piétine : les architectes qui se succèdent dans les décennies suivantes, comme Mathieu Ensinger ou Hans Hammer, proposent bien des projets, mais ils ne sont pas mis en œuvre. Finalement, seule une tourelle d’escalier de la tour est construite sur une dizaine de mètres avant d’être abandonnée : même si l’idée de construire une deuxième flèche reviendra périodiquement dans les siècles à venir, la cathédrale restera toujours dissymétrique.

la flèche de la tour nord culmine à 142,11 mètres au-dessus du sol, et c’est la plus haute flèche construite au Moyen Âge qui ait subsisté jusqu’à nos jours. Jacques Wimpfeling qualifie cette tour de style gothique tardif de « huitième merveille du monde ». La cathédrale de Strasbourg est une des seules grandes cathédrales de France dont la tour est dotée d’une flèche, typique de l’architecture germanique.

Pour préserver la flèche de la foudre, Théodose Le Barbier de Tinan étudie et préconise en 1780 l’établissement d’un paratonnerre sur la flèche de la cathédrale ; Benjamin Franklin appuie cette étude dans son rapport à l’Académie des sciences sur le sujet, mais ce paratonnerre ne sera installé qu’en 1835.

Grâce à sa flèche, la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg est resté l’édifice le plus haut du monde jusqu’en 1874, date de l’achèvement de la flèche de l’église Saint-Nicolas de Hambourg, mesurant 147 mètres.

Visité en 2023.

 

Place de la Cathédrale, 67000 Strasbourg

Accès à la tour payant

 

Sources:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Strasbourg

 

* À l’origine, les deux tours avaient la même taille (66 m) et dépassaient la façade comprise entre elles, comme celles de la cathédrale Notre-Dame de Paris (à ce moment, la façade de la cathédrale de Strasbourg avait une silhouette identique à celle de Paris et était même plus petite de trois mètres), avant que l’espace compris entre ces tours ne soit comblé par la mise en place du beffroi. Ce n’est qu’après ce comblement que l’on construisit le clocher sur la tour nord (34 m + 66 m = 100 m), et la flèche sur ce dernier (42 m + 34 m + 66 m = 142 m).

Dans les années 2010, c’est la deuxième cathédrale la plus visitée de France derrière Notre-Dame de Paris.

La tour de Notre-Dame de Strasbourg

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