Le mont Sainte-Odile: L'abbaye de Hohenbourg

À l'époque celtique, la montagne s'appelle Altitona, la « montagne haute » (altitude de 763 mètres). C'est un lieu de culte celte. Proto-Celtes, Celtes, Romains et Alamans construisent une forteresse au sommet.

 

Au VIIe siècle, les ducs d'Alsace utilisèrent cette forteresse comme leur résidence. Vers 673 jusqu'à 682 Adalric et Bereswinde, la belle-sœur du roi Childéric et d'Obernai la ville natale, qui appartenaient tous deux à l'aristocratie mérovingienne prirent leur distance avec Ébroïn, maire du palais de Neustrie pour se rapprocher des souverains d'Austrasie. L'abbaye de Hohenbourg est fondée en 680 par Sainte Odile, fille d'Aldaric (dit aussi Athic ou Etichon) duc d'Alsace et de Bereswinde, à l'emplacement d'un château dénommé Hohenbourg ou encore Altitona. Née aveugle, Odile aurait été cachée pour être protégée de son père qui avait donné l'ordre de la tuer. Ayant retrouvé la vue lors de son baptême, son père lui aurait plus tard offert son château de Hohenbourg ou Altitona pour y fonder une abbaye et se racheter de ses fautes.

Après le décès de Sainte Odile le centre devint le lieu d'un pèlerinage. Trois filles du frère d'Odile, Adalbert (vers 673-722) devinrent abbesses : sainte Eugénie († 735), sainte Gundelinde ou Gerlinde, première abbesse de l'abbaye de Niedermunster et Sainte Attale (vers 690-741) première abbesse vers 718 de l'abbaye de Saint-Étienne de Strasbourg. Par un privilège de Charlemagne, renouvelé par Louis le Pieux, le monastère de Hohenbourg fut protégé par l'immunité impériale. À la fin du XIIe siècle, l'évêque Conrad de Strasbourg confirma l'exemption du haut plateau qui en tant que terre salique était soustrait à toute juridiction civile ou ecclésiastique. Seule l'abbesse avait le pouvoir d'administrer le monastère. En 1045, Bruno d'Eguisheim, évêque de Toul consacra l'église de Hohenbourg. En 1050, il visita le monastère comme souverain pontife sous le nom de Léon IX, et accorda à l'abbesse Bertha une bulle confirmant les biens de Hohenbourg, ainsi qu'un certain nombre de privilèges. Il donna aussi aux moines le droit d'élire librement leur abbesse.

Très populaire, l'endroit devient un lieu de pèlerinage très fréquenté, notamment par les personnes atteintes de maladies oculaires, et accueille jusqu'à 130 moniales.

Le couvent de Hohenbourg connut un essor exceptionnel au cours de la moitié du XIIe siècle avec l'arrivée en 1150 de l'abbesse Relinde. C'est elle qui introduit dans la communauté la règle de saint Augustin.

Sa successeuse, Herrade dite de Landsberg (ou de Hohenbourg), présente à la tête des soeurs de 1167 à 1195, est probablement la plus célèbre abbesse du couvent. Elle termine les travaux de Relinde, fait installer des prémontrés dans l'abbaye de Niedermunster, construire les prieurés de Truttenhausen et de Saint Gorgon vers 1180, mais surtout, est l'auteure et l'illustratrice de l'Hortus Deliciarum (le Jardin des Délices), grande encyclopédie de la chrétienté, des connaissances théologues et païennes de l'époque, illustré d'environ 350 miniatures.

C'est surtout la première encyclopédie rédigée par la main d'une femme. L'original a été conservé jusqu'en 1870, lorsqu'il fut réduit en centre avec la bibliothèque de Strasbourg lors de la guerre.

L'abbesse Agnès d'Oberkirch adopta les doctrines des Réformés, après l'incendie du couvent en 1546.

Le couvent et l'église de Sainte-Odile eurent à subir de grands désastres dans le cours des siècles. 

Sous la Révolution française (1789), le couvent est vendu comme bien national. L'évêché de Strasbourg le rachète en 1853 et le rétablit à sa vocation monacale.

On peut encore voir le tombeau de sainte Odile dans une chapelle attenante au cloître. Ces caveaux sont ornés de mosaïques remarquables.

Les chapelles vouées à Sainte-Odile, à la Croix, aux Larmes et aux Anges, ainsi que la bibliothèque et les sculptures du cloître du monastère ont été classées au titre des monuments historiques par la liste des monuments historiques protégés en 1840.

À côté des nombreuses chapelles du Mont, on compte l'église dédiée à l'Assomption de la Vierge Marie. Cette église conventuelle, détruite à de nombreuses reprises par le feu, a été reconstruite en style baroque. La première pierre a été posée en 1687, les travaux sont achevés en 1692. La consécration de l'édifice est célébrée avec faste le 20 octobre 1696 par Mgr Peter Creagh, archevêque de Dublin et primat d'Irlande en exil à Strasbourg.

Le mobilier de l'église sera partiellement détruit lors de la Révolution française (1789), puis reconstitué. Un nouvel orgue est notamment installé en 1862 (l'orgue actuel date de 1964).

En 1924, est inauguré le clocher, remplaçant le petit clocheton qui existait jusqu'alors. Ce clocher est flanqué d'une tourelle que domine une imposante statue de Sainte Odile bénissant l'Alsace. Cette statue est l'œuvre du sculpteur colmarien Alfred Klem. Le clocher contient par ailleurs un ensemble de 31 cloches, dont la plus grande pèse cinq tonnes.

L'église conventuelle Sainte-Odile est elle classée au titre des monuments historiques par arrêté du 22 juillet 1997.

Le 16 juin 2006, le pape Benoît XVI a érigé l'église en basilique mineure. C'est la quatrième basilique mineure du diocèse de Strasbourg.

Haut lieu de pèlerinage dédié à Sainte Odile, patronne des Alsaciens, le couvent fait partie des sites incontournables en Alsace.

Visité en 2023.

 

Mont Sainte-Odile, 67530 Ottrott

 

Sources:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Sainte-Odile

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Hohenbourg

https://www.jds.fr/ottrott/patrimoine-historique-alsace/mont-ste-odile-ottrott-alsace-1477_L

Anciennes tombes creusées dans le rocher à côté de la chapelle des larmes.

Sur l'une des faces de la stèle du XIIe siècle la Vierge et l'enfant (dont les têtes ont été martelées en 1793 par les Révolutionnaires) et au pied les abbesses Herrade de Landsberg et Relinde.

On peut encore voir le tombeau de sainte Odile dans une chapelle attenante au cloître.

Les tombeaux de ses parents, Adalric (aussi appelé Etichon) et Bereswinde, y sont aussi conservés, bien qu'ils soient des ajouts plus tardifs (IXe siècle et XIe siècle).

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