Rosheim, cité romane

Chef-lieu de canton, centre viticole sur la route des Vins d’Alsace, la petite ville est riche d’un passé et d’un patrimoine exceptionnels qui lui ont valu le surnom de « cité romane », ou « ville à la rose » en référence à son emblème héraldique.

Habitée depuis les temps les plus reculés par les peuplades néolithiques, puis par celles de l’âge du bronze et du fer, marquée par la civilisation gallo-romaine, notre cité fit officiellement son entrée dans l’histoire sous le règne de Charlemagne. C’est en effet dans la charte de Fulda, document du 31 mars 778, qu’elle fut mentionnée pour la première fois sous le nom de « Rodashaim ».

Traditionnellement, « l’habitat de Hrodo », d’un nom d’homme germanique Hrodo, suivi de l’appellatif germanique heim, signifiant « habitat, foyer, chez soi » et anciennement « patrie d’une tribu ». Autre explication : « l’habitat de la route », le premier élément rod- pouvant reposer sur une racine paléo-européenne *rot-, *rod- relative à la notion de défrichement et par extension de route. Rosheim est en effet situé dans un vallon traversé par l’axe protohistorique du piémont des Vosges au pied du Mont Sainte-Odile et à un débouché de la vallée de la Bruche. Attraction paronymique de l’allemand Rose à la fin du Moyen Âge.

Le grand rayonnement qu’elle connut à l’époque romane lui légua, notamment, son église Saint Pierre et Paul du XIIe siècle, joyau de l’art roman alsacien.

En 1132, la ville est détruite par un incendie et la ville basse et la ville haute sont reconstruites, vraisemblablement grâce à un apport financier accordé par les Hohenstaufen, futurs empereurs du Saint-Empire romain germanique, qui, en tant que protecteurs du couvent du Mont Sainte-Odile, favorisent l'essor et l'indépendance de plusieurs communautés villageoises, dont Obernai et Rosheim où l'emprise du couvent était importante. Cette politique permettra à Frédéric Barberousse et aux Hohenstaufen de mieux implanter leur puissance en Alsace. C'est à cette époque qu'est élevée l'église Saints-Pierre-et-Paul actuelle, construite entre 1145 et 1167. Les droits des Hohenstaufen à Rosheim excèdent néanmoins la jalousie de leurs ennemis dont l'évêque Conrad II de Hunebourg qui fait incendier la ville en 1197. La première moitié du XIIIe siècle voit néanmoins les Hohenstaufen s'assurer de la suzeraineté sur Rosheim. Frédéric II parvient à négocier avec l'évêque de Strasbourg la cession en fief de la seigneurie sur tous les hommes qui dépendaient de lui (en échange l'évêque obtient celle de Saverne). Mais de nombreux conflits persistent, notamment avec l'abbesse de Hohenbourg qui, peu à peu, perd du terrain face au parti secondé par l'empereur, ainsi qu'avec le duc Thiébaud Ier de Lorraine, conflit qui culmina avec "la guerre des Caves" en 1218 (une délégation militaire lorraine venue occuper la ville par surprise fut massacrée dans les caves où les habitants surprirent les soldats lorrains ivres morts) et, un peu plus tard, l'expédition punitive de l'empereur jusqu'au château ducal lorrain d'Amance où Thiébaut fut capturé. Rosheim accède au statut de ville en 1267 au plus tard, confirmé par le sceau de 1286 qui servira par la suite à authentifier les actes émis. Elle obtient aussi le droit d'ériger un rempart de pierre. Le pouvoir impérial allant s'affaiblissant, Rosheim jouit de plus en plus d'une certaine autonomie.

Entourée peu après d’une enceinte, Rosheim s’émancipa, devenant ville libre et impériale, puis en 1354 membre de la Décapole. Elle acheva la construction de ses fortifictions aux XIVe et XVe siècles pour s’épanouir pleinement au XVIe siècle, âge d’or de la viticulture alsacienne.

Mais la guerre de Trente Ans la ruina totalement, pillée et dévastée successivement par les soudards de Mansfeld, par les troupes suedoises puis françaises, elle sera intégrée progressivement à la couronne de France par les traités de Westphalie(1648) et de Nimègue (1679).

Surmontant ses malheurs, la ville retrouva, grâce à la vitalité de ses habitants, une remarquable expansion au XVIIIe siècle mais vécut sans enthousiasme la Révolution de 1789 qui mit fin à ses derniers privilèges.

Le développement considérable qu’elle connut durant le Second Empire permit à la population d’atteindre presque 4000 âmes.

Visité en 2023.

 

Sources:

https://lesamisderosheim.wordpress.com/a-la-decouverte-de-rosheim/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rosheim

Le Meyerhof, ancienne dépendance de Hohenbourg aujourd'hui détruite. Situé à quelques mètres de l’église Saints-Pierre-et-Paul, il occupe 1/10 de l’espace urbanisé de la Mittelstadt. Considéré par certains comme le lieu d’un palais construit par l’empereur Frédéric Barberousse lui-même, il était de façon certaine une cour colongère de l’abbaye du Mont Sainte-Odile depuis le XIIe siècle. l’occupation de ce terrain remonte au IXe-Xe siècles d’après une étude archéologique réalisée en 1995. De la période primitive, il restait un ensemble de bâtiments bien conservés, à ce titre le Meyerhof était le plus grand ensemble civil roman d’Alsace et l’équivalent des ensembles visibles à Cluny, à Metz ou à Trêves.

Il a été détruit en 2018.

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