Les applaudissements et les cris de joie résonnent du haut de l’abside gothique lorsque Léonard Laforest, le plus jeune des charpentiers des Ateliers Perrault (Maine-et-Loire) a fixé le bouquet de mimosas à la dernière cheville de la charpente.
Les fleurs ont été déposées comme une cerise sur un gâteau de 900 pièces, maintenu par 4.000 chevilles taillées à la main. «C'est une petite chose mais symboliquement forte », a salué Philippe Jost, président de l'établissement public chargé du chantier de reconstruction. «On a mis de côté une branche du plus bel arbre, on l'a montée sur le toit», explique-t-il.
Philippe Jost souligne «l'état d'esprit collectif» de l'équipe de charpentiers. «On est tristes de les voir partir», a-t-il lancé. «Merci, on est fier de ce que vous avez fait pour Notre-Dame», ajoute-t-il. En septembre dernier, le responsable du chantier confirmait que la réouverture de la cathédrale aurait lieu en décembre 2024. «On est frappé par son éclat parce que les nettoyages et restauration sont quasiment achevés», disait-il à France Info.
«Je repense à l'incendie, je vois ce qu'on vit, historiquement c'est quand même des moments terribles, forts, géniaux» raconte Philippe Villeneuve, l'architecte en chef des monuments historiques. «Ça y est, ça sent la fin, c'est le dernier morceau, le dernier chevron de l'abside», constate un charpentier du chantier face à la caméra de TF1. «Pour nous, c'est quelque chose, la fin d'une aventure extraordinaire», poursuit-il. «Il y a tout qui bouge à une vitesse anormale.» Le 16 décembre 2023, c’était le célèbre coq qui retrouvait sa place au sommet de la flèche.
Vendredi 12 janvier fut donc un jour marquant dans l’énorme chantier de Notre-Dame.
La charpente de Notre-Dame était parmi les plus anciennes charpentes de Paris. Seules après celle de Saint-Pierre de Montmartre (1147) et quelques éléments de celle de Saint-Germain des Prés (1160-1170) la devancent. Nommée « la forêt » en raison du nombre de poutres, chacune d’elle provient d’un chêne différent. Les dimensions sont impressionnantes : 100m de longueur par 13m de largeur dans la nef, 40m dans le transept et 10 m de hauteur. Cette charpente s’est embrasée lors de l’incendie de 2019 laissant l’ensemble de la toiture béante, à ciel ouvert.
La mise en place des ogives est une innovation architecturale du Moyen Age. Les architectes imaginent d’élever des toitures à forte pente. L’inclinaison de celles de Notre-Dame est à 55°. Au moment de sa construction, les défrichements et le développement urbain raréfient le gros bois. Des bois à section plus faible servent alors à l’élévation des charpentes et à l’accentuation des pentes.
Une première charpente est construite dans le chœur de la cathédrale avec des arbres abattus vers 1160-1170. Certains bois ont déjà trois cents ou quatre cents ans au moment de la construction, ce qui correspond à des arbres du VIIIe ou du IXe siècle. La première charpente a disparu, mais des bois sont réutilisés dans la seconde charpente, mise en place entre 1220 et 1240.
Les charpentes du chœur et de la nef ont traversé les siècles. En revanche, Viollet-le-Duc prévoit la restauration de celles des transepts et de la flèche au milieu XIXe siècle. Réalisées selon les principes en vigueur au XIXe siècle, elles diffèrent des charpentes du chœur et de la nef car les dimensions des poutres sont plus imposantes et espacées que celles du Moyen-Âge.
Vu en 2024.
6 Parvis Notre-Dame - Pl. Jean-Paul II, 75004 Paris
Sources:
https://www.notredamedeparis.fr/decouvrir/architecture/la-charpente/
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