Missak Manouchian, ou Michel Manouchian, né le 1er septembre 1906 à Adıyaman (Empire ottoman) et mort fusillé le 21 février 1944 à la forteresse du Mont-Valérien (France), est un ouvrier, poète et militant communiste arménien immigré en France. Il est surtout connu comme l'adjoint de Joseph Epstein à la tête des FTP-MOI de la région parisienne de la Résistance intérieure française à partir d'août 1943 et plus haut gradé du « groupe Manouchian-Boczov-Rayman » de vingt-trois résistants, jugés expéditivement, fusillés et stigmatisés par la campagne antisémite de l'Affiche rouge en février 1944.
Survivant du génocide arménien de 1915 et formé au métier de menuisier, il se réfugie en septembre 1924 en France, devenant « Français de préférence ». Ouvrier tourneur, autodidacte, il s'engage à la suite de la crise du 6 février 1934 dans le mouvement antifasciste qu'anime le Parti communiste français. En juillet 1935, il devient cadre de l'Internationale communiste et accède à la direction du journal Zangou, publié par la Section française du Comité de secours pour l'Arménie, puis de l'Union populaire franco-arménienne, relais de l'organisation Main-d'œuvre immigrée (MOI) de la CGTU auprès des ouvriers arméniens.
Militant communiste clandestin à partir de juin 1940 en raison de l'interdiction du Parti communiste français qui soutient le Pacte germano-soviétique, il est arrêté au lendemain de l'attaque allemande contre l'URSS. Rapidement libéré, il est ensuite versé en février 1943 dans les FTP-MOI de la région parisienne, qui ont pris la succession de l'Organisation spéciale. Alors que les arrestations s'enchaînent, il est choisi en août 1943 pour en être commissaire militaire. Après près d'une trentaine d'opérations de son groupe dans Paris, il est arrêté trois mois plus tard par les brigades spéciales de la police française après une longue filature. Torturé, il est ensuite livré à la police secrête de l'armée allemande. Un tribunal allemand le condamne à mort avec 22 de ses camarades. Figure de la résistance armée, il meurt, comme il l'écrit à son épouse Mélinée juste avant son exécution, « en soldat régulier de l’Armée française de la Libération ».
Missak et Mélinée Manouchian font leur entrée au Panthéon le 21 février 2024, quatre-vingts ans jour pour jour après l'exécution de Missak.
Cette affiche s’impose au public par son grand format (120x80 cm) et l’emprise de la couleur rouge. Dans sa partie supérieure, elle présente
les visages inquiétants de 10 hommes. Sous chaque portrait figure son nom à consonance étrangère, sa religion s’il est juif et/ou son appartenance politique s’il s’agit d’un communiste. Le nombre d’« attentats » imputable à chacun est mentionné. Sous le médaillon de Manouchian, le chef du groupe, apparaît le nombre de morts causés par ses actions. Les 10 portraits sont contenus dans une flèche qui pointe des photographies montrant un arsenal, des trains déraillés et des corps criblés de balles. Le choix des couleurs est révélateur du message transmis : le rouge, couleur du sang et du communisme pour le fond de l’affiche, le blanc pour la question en caractères gras qui interpelle les Français (« Des libérateurs ? »), le rouge de nouveau pour la réponse : « La libération par l’armée du crime ! ». Le message est sans équivoque : les étrangers, les juifs et les communistes, se livrent, en France, à des activités criminelles, en prétendant agir pour la libération du pays.
Pl. du Panthéon, 75005 Paris
Accès payant
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