Ces statues sont parmi les plus anciennes représentations à grande échelle de la forme humaine, et sont considérées comme l'un des plus remarquables spécimens d'art préhistorique du Néolithique du Proche-Orient.
La statue porte ce nom car elle a été découverte en actuelle Jordanie, près de la ville d'Amman, sur le site néolithique d' « Aïn Ghazal » (en français : la « source des gazelles ») au cours de fouilles archéologiques menées dans les années 1980. Une trentaine de statues en tout ont été découvertes sur ce site qui porte les traces d'une civilisation néolithique du VIIe millénaire avant notre ère. Cet artefact est donc un objet d'avant la céramique, d'avant la technique de la terre cuite. Un objet du fond des âges.
Au Louvre, elle est conservée dans une cage de verre à mi-hauteur. Elle a une forme humanoïde, et assez aplatie quand on la regarde de profil. Elle est toute blanche, se tient debout et mesure environ un petit mètre.
Mais décrivons l'objet en partant du bas : tout repose sur deux pieds assez grossièrement formés, avec des traits qui découpent les doigts de chaque pied. Ils soutiennent deux épaisses jambes, inégales en largeurs et non symétriques. La silhouette plurimillénaire est dépourvue de bras, et son corps ressemble aujourd’hui à un amas de matière plâtreuse relativement informe. On suppose qu'elle était revêtue d'apparats et de couleurs divers.
La tête de la statue émerge de ce fouillis du tronc. La figure apparait lisse et nette, avec un nez et des narines, un trait noir pour la bouche et deux yeux simplissimes constitués de deux paupières et de deux pupilles, qui nous fixent avec une drôle d'expression. La petite pancarte de la cage nous informe de la simplicité des deux matériaux utilisés : du plâtre de gypse pour la matière blanche, et du bitume pour les paupières et les pupilles. Elle a été assemblée sur un châssis de cordes en fibre tressées.
La statue d'Ain Ghazal, est entourée d'un épais mystère. Est-ce qu'elle représente un homme ? une femme ? un enfant ? un dieu ? un ancêtre ? un mythe ? un quoi ?
Elle peut aussi bien faire penser à un objet très ancien et aux créations de l'art brut, à une pièce sculptée par Jean Dubuffet.
On ne sait même pas si le mot "statue" convient pour désigner cet objet dont l'usage demeure inconnu. A quoi a-t-elle bien pu servir ? Les hypothèses sont nombreuses : la statue serait liée à la figuration des ancêtres, car d’anciens crânes ont été retrouvés sur le même site jordanien. Peut-être était-ce un objet rituel, un objet de célébration et de culte. Plus largement, elle pourrait être une très ancienne trace de l'idée de conserver la mémoire de quelqu’un dans la matière du plâtre.
Ce qui reste de la statue d'Aïn Ghazal une fois qu’on l’a vu, c'est surtout son regard énigmatique, qui n'est pas sans susciter un léger et inquiétant sentiment de crainte.
Voici donc l'œuvre la plus ancienne exposée dans tout le musée du Louvres!
Vu en 2024
Rue de Rivoli, 75001 Paris
Accès payant
Sources:
Les statues d'Ain Ghazal font aujourd'hui partie des collections du Musée Jordanien (en) d'Amman, certaines étant également exposées au Musée archéologique jordanien (en) de la Citadelle, tandis que quelques-unes ont été prêtées à des musées étrangers : une statue se trouve au Musée du Louvre à Paris ; des parties de trois autres statues sont visibles au British Museum de Londres ; et l'une des figures à deux têtes est exposée au Louvre Abou Dabi.
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