"L’originale est au Louvre. Le musée d'Auxerre possède un moulage historique de cette sculpture qui a marqué l’histoire des collections", assure Delphine Lannaud. La directrice des musées d’art et d’histoire d’Auxerre est catégorique ..."
En calcaire coquillier issu d’un gisement local, la statuette du VIIe siècle av. J.-C. (vers 640-630) provient du site d’Eleutherne, en Crète. Elle fut redécouverte au début du XXe siècle. "L’intérêt archéologique et historique est évident. C’est l’un des très rares exemples aussi anciens de sculpture crétoise, dit la directrice. Son histoire est atypique, pleine de mystères, tant par son histoire que le style adopté."
Elle est une des sculptures les plus abouties du style dédalique, qui prélude à l'art archaïque grec.
La statuette a appartenu à Édouard Bourgoin, un artiste également marchand d'art et de curiosités à Paris, retiré depuis 1882 à la campagne près d'Auxerre. À la vente après décès en 1895, elle est achetée un franc par le concierge du théâtre d'Auxerre, pour servir d'accessoire de scène. Cassée au bras, elle aboutit dans le vestibule du musée municipal.
Remarquée en 1907 par Maxime Collignon (1849-1917), professeur d’archéologie grecque, en visite au musée d’Auxerre (l’actuel Hôtel de Ville, ndlr), la dame de pierre lui semble très étrangère à la région. La trouvaille tape dans l’œil du Louvre où son entrée est enregistrée en 1909. En compensation, la Ville d’Auxerre se voit offrir un moulage de l’œuvre ("qui a désormais une valeur historique") et un tableau issu des collections nationales : Torrent dans le Var, du peintre nordiste Henri Harpignies (1819-1916), très apprécié à Saint-Privé, en Puisaye.
Des traces repérées sur l’œuvre originelle, haute de 75 cm, "laissent à penser que la couleur était utilisée pour souligner les incisions de l’artiste, rehausser et donner du volume à la sculpture". Quand d’autres chercheurs défendent des interprétations bien plus colorées. Différentes versions et péripéties nourrissent encore le mystère de la dame de pierre. Des hypothèses parfois "rocambolesques" mais "utiles au récit", sourit-on à l’abbaye Saint-Germain d'Auxerre.
Après avoir découvert la dame d'Auxerre dans le musée archéologique d'Eleutherne, puis au musée d'Art et d'Histoire Saint-Germain, nous voici enfin devant la "véritable" Dame au musée du Louvre !
Vu en 2024.
Rue de Rivoli, 75001 Paris
Accès payant.
Sources:
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