L'enclos paroissial de Saint-Jean-du-Doigt

L'église Saint-Jean-Baptiste est située au sein d'un enclos paroissial ayant toujours son cimetière, ouvrant sur la ville par une porte, et incluant une fontaine sacrée et une chapelle funéraire dédiée à saint Mélar. L'église, ancienne trève de Plougasnou, renferme également un trésor d'orfèvrerie remarquable.

Un enclos paroissial ou enclos breton est au sens strict une église entourée d'un placître voué ou non à un cimetière, que borne un mur d'enceinte. Les enclos paroissiaux sont caractéristiques de l'architecture religieuse rurale de la Basse-Bretagne et datent pour la plupart des XVIe et XVIIe siècles, on en trouve encore 70 exemples intacts. Ils s'expliquent par la prospérité économique de la Bretagne, liée au commerce du lin et du chanvre à cette époque.

Un enclos paroissial est au sens strict une église entourée d'un placître voué ou non à un cimetière, que borne un mur d'enceinte. L’enclos doit rassembler au moins cinq des huit éléments suivants :

  • une église,
  • un ossuaire,
  • une chapelle reliquaire,
  • un calvaire,
  • un mur d'enceinte,
  • une porte triomphale,
  • un cimetière dans le placître,
  • une fontaine.

Selon la légende racontée par Albert Le Grand dans la Vie des Saints de la Bretagne Armorique, le phalange de saint Jean-Baptiste (index de la main droite avec lequel le saint aurait désigné l'Agneau de Dieu) aurait été une relique réchappée de la crémation du corps de Jean-Baptiste ordonnée en 363 par l'empereur Julien, dit l'Apostat, donnée au patriarche de Jérusalem puis ramenée en Normandie par une jeune vierge, Thècle, à l'époque des Croisades. Vers 1420 ou 1437 selon les traditions locales, un archer originaire de la paroisse de Plougasnou l'aurait volé à Saint-Jean-de-Daye, dans la région de Saint-Lô et ramené dans la commune de Saint-Jean-du-Doigt.

Le duc de Bretagne Jean V aurait fait déposer la relique dans un étui d'or et, la petite chapelle de Traon-Meriadec étant devenue trop petite pour recevoir tous les fidèles attirés par les miracles attribués à la relique qui y venaient en pèlerinage, il fait construire l'église que l'on voit aujourd'hui dont la première pierre est posée le 1er août 1440, mais qui n'est achevée qu'en 1513 (date de sa consécration), sa construction ayant été interrompue à plusieurs reprises.

 

Selon le chanoine Abgrall, « Saint-Jean[-du-Doigt] nous offre l'ensemble le plus complet et le plus parfait de ce qu'était autrefois une église paroissiale avec toutes ses annexes : église monumentale entourée du cimetière, porte de style ou arc de triomphe pour pénétrer dans cette enceinte, fontaine sacrée, calvaire, ossuaire, oratoire ouvert ou abri pour célébrer la messe les jours de pèlerinage, riche trésor toujours conservé : aucune autre paroisse n'a la même bonne chance de posséder pareilles richesses ».


L'église Saint-Jean-Baptiste, du XVIe siècle, de style flamboyant, restaurée : vestiges du XVe siècle (nef), tour-clocher avec galeries à jour superposées (la flèche actuelle a été construite entre 1566 et 1571 par Fiacre Hamon, maître pintier (plombier) à Morlaix), porche voûté sur croisées d'ogives orné de bénitiers sculptés du XVe siècle, fonts du XVe siècle, cloche du XVIIe siècle ; à la base du clocher, deux ossuaires d'attache (XVe siècle et XVIIe siècle). L'église a été sinistrée trois fois : au XVIIe siècle (destruction de la flèche de l'église), la flèche est détruite à nouveau par la foudre en 1925. Un incendie détruit entièrement l'église la nuit du 5 au 6 novembre 1955, ne laissant que les murs (destruction du riche mobilier qui ornait l'église antérieurement). Le trésor de Saint-Jean-du-Doigt est également préservé. Restaurée pendant onze ans, l'église est rendue au culte en 1966.

En 1965, le peintre Jos Le Corre (1925-1979), réalise pour l'église une bannière représentant le Baptême du Christ et au dos l'Agneau Pascal sur la Bible.

Elle est classée au titre des monuments historiques par liste de 1862.  


Le cimetière entourant l'église avec le mur d'enceinte, escaliers et porte double dite aussi « arc de triomphe » (la grande baie de style gothique semble remonter au XVe siècle ou au début du XVIe siècle ; elle est accompagnée à droite d'une petite porte cintrée destinée aux piétons, qui date sans doute de 1584-1585. La croix du cimetière est une croix de mission datant de 1877.

La porte double donnant accès au cimetière est classée par arrêté du 21 février 1914 et le cimetière avec le mur d'enceinte et les escaliers fait l'objet d'un classement par décret du 28 octobre 1933.


La fontaine monumentale, en pierre de kersanton, aurait été construite grâce aux libéralités de la reine Anne, ce qui semble très peu probable car elle date sans doute de 1691 et est due au maître sculpteur morlaisien Jacques Lespaignol (mais une autre fontaine existait antérieurement, attestée en 1520). Au milieu d'un large bassin circulaire en granite s'élève un pilier qui supporte trois vasques superposées d'où l'eau s'écoule par la bouche d'angelots. Au sommet, Dieu le Père bénit son fils, que saint Jean-Baptiste baptise dans une vasque inférieure.

La fontaine fait l'objet d'un classement par arrêté du 12 juillet 1886.


L’Oratoire du Sacre (servit aussi de chapelle funéraire) dans le cimetière (XVIe siècle) : modèle d'architecture de la Renaissance bretonne, il s'agit en fait d'un reposoir de la confrérie du Saint-Sacrement, servant aussi les jours de pèlerinage à la célébration de la messe, et aussi d'un lieu abritant le corps des défunts lors des veillées funèbres. Cet édifice a été construit en 1577 par l'architecte Michel Le Borgne, le granite ayant servi à sa construction venant de l'Île-Grande. Cet édifice à baies ouvertes séparées par des balustres carrés, contenant un autel et des consoles qui supportaient autrefois des statues, conserve des poutres, des clefs pendantes et sablières sculptées par un menuisier local et qui représentent des scènes mythologiques (Hercule étranglant le Lion de Némée, Lucrèce étendue, un couteau dans la poitrine, etc.), des végétaux, des masques et même des personnages dans une position lascive. On y célébrait aussi probablement la messe les jours de grande fête, les fidèles n'ayant pu entrer dans l'église s'entassant alors dans le cimetière. Cet oratoire fut reproduit au « Village breton » lors de l'Exposition universelle de 1900.

La chapelle funéraire dédiée à saint Mélar est classée par arrêté du 27 mars 1914.


La « Maison du Gouvernement » (ou « Grande Maison de Saint-Jean »), qui date de 1562-1572 (agrandie au XVIIe siècle), était la résidence du gouverneur ecclésiastique de la chapelle saint-Jean-Baptiste. On a parfois attribué là encore sa construction aux libéralités de la reine Anne, mais c'est très douteux. La porte principale est de style gothique ; des traces d'armoiries (sans doute s'agit-il de l'écusson de la famille de Montfort, alors régnante en Bretagne) martelées lors de la Révolution française, sont encore visibles au-dessus d'une petite fenêtre à meneau située sur le pignon sud. Cette demeure recevait les pèlerins et visiteurs de marque aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, qui étaient les hôtes du gouverneur. Devenue bien national pendant la Révolution française, elle fut vendue le 21 vendémiaire an IV (14 septembre 1795) à François Pezron, négociant à Morlaix, pour 54 200 livres assignats. C'est désormais une propriété privée.

Visité en 2024

 

29630 Saint-Jean-du-Doigt

Accès libre

 

Sources:

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Jean-Baptiste_de_Saint-Jean-du-Doigt

https://fr.wikipedia.org/wiki/Enclos_paroissial

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