Enclos Paroissial de Lampaul-Guimiliau et sa poutre de gloire

Cet enclos constitue l'un des plus anciens de Bretagne. Situé au centre du bourg, cet enclos très simple et sobre (datant du XVIe siècle) est constitué d'une porte triomphale, d'un ossuaire, d'un calvaire et d'une belle église de style gothique, dont la flèche du clocher a été abattue par la foudre en 1809.

Lampaul n’est pourtant, jusqu’à la Révolution, qu’une trève de Guimiliau : on dit aussi, à l’époque, une « fillette ». Mais une fillette richissime et soucieuse de se distinguer de la paroisse-mère : saint Miliau y compte moins que saint Paul Aurélien, premier évêque de Léon et patron de l’église. Parmi toutes les statues qui le représentent, tenant dans son étole le dragon de l’île de Batz, celle du porche est éloquente : le sculpteur lui fait l’honneur d’un décor Renaissance alors que le reste du porche est gothique (1533).

Mais l’affirmation de la trève passe surtout par le grand clocher, qui fut un géant (75 m., presque autant que le Kreisker de Saint-Pol) avant d’être découronné par la foudre en 1809. Dans un tel environnement, le calvaire peut rester modeste : la porte triomphale en possède un second, au-dessus d’une arche unique qui résume Berven et Sizun. A ses côtés, l’ossuaire atteint le classicisme par la pureté de ses lignes, de ses colonnes et de ses niches décoratives (1667). Mais son grand mérite est de renouveler, le premier sans doute, le concept même du bâtiment : ce qui n’était au départ qu’un sommaire entrepôt d’ossements devient ici une somptueuse chapelle où l’on dit des messes pour les défunts.

 

 L'église Notre-Dame-de-Lampaul-Guimiliau date des XVIe siècle et XVIIe siècle : « le chœur et l'abside disparaissent sous les grands retables des autels, séparés par des panneaux de bois aux riches sculptures, le tout peint et largement doré. Cette profusion de colonnes, de corniches, de niches, de cartouches, cette multitude de statues et de personnages donne l'impression d'une grand richesse décorative et constitue un ensemble qui ne manque pas d'harmonie et de magnificence ». Les orgues sont de Thomas Dallam.

 

Le chevet à pignons abrite un autel, au-dessus d’une crypte conçue initialement pour un groupe sculpté de la Mise au tombeau. Cette œuvre très émouvante, sculptée dans le tuffeau par un sculpteur de la Marine de Brest (1676) orne aujourd’hui l’église, au côté de six retables, une chaire, un buffet d’orgue, un baptistère, une poutre de gloire ( classée au titre des Monuments historiques depuis 1910) et deux bannières anciennes !

 

  Le retable de la Passion (….) est d'une grande richesse, formant un merveilleux ensemble, encadrant un fouillis éblouissant d'ors et de personnages. Quatre colonnes torses sculptées accouplées deux à deux soutiennent un riche entablement qui se brise en fronton, couvert de statues. Au centre le Fils de Dieu ressuscité s'élance triomphant vers le ciel. À droite et à gauche sont prosternés des anges adorateurs, flanqués d'anges joueurs de viole».

  Le retable de Saint-Jean-Baptiste est également remarquable ; un panneau sculpté, datant du XVIIe siècle, représente « la chute des anges déchus » : l'archange Saint-Michel terrasse de son glaive les corps nus, sensuels et enchevêtrés des démons.


La poutre de gloire, qui matérialise la séparation entre le cœur : l’espace liturgique réservé seulement aux clercs, et la nef : l’espace des fidèles, jadis appelée « tref » est en totalité ornée de sculptures en bois polychromes. Elle est entourée de part et d’autre de deux engoulants, et supporte une crucifixion (Marie, Jésus et Jean). L’ensemble a conservé ses couleurs. La face (côté ouest) de cette poutre présente les scènes de la Passion. Le revers (côté est) illustre quant à elle les douze prophétesses de la mythologie gréco-romaine.

Dès le IVème siècle, les Pères de l’église cherchaient les signes annonciateurs de la naissance et de la Passion du Christ dans les oracles de ces prêtresses d’Apollon, et ainsi les ont intégrés dans la littérature chrétienne. Une exégèse typologique qui se développera à partir du XIIIème siècle dans l’iconographie occidentale et qui s’épanouira artistiquement avec la redécouverte de l’Antiquité à la Renaissance. La tradition chrétienne considère des attributs et des prophéties aux douze Sibylles qui sont représentées portant un livre soit ouvert, soit entrouvert, soit fermé.

  1. Cimmérienne, une corne en tant que biberon, Maternité de la Vierge
  2. Européenne, glaive, Massacres des Innocents
  3. Libyque, flambeau, Christ lumière des Nations
  4. Hellespontique, croix, Crucifixion
  5. Tiburtine, main coupée, Dérision du Christ
  6. Samienne, berceau, Nativité
  7. Persique, vase de parfum, Ensevelissement
  8. Erythréenne, rameau fleuri, Annonciation
  9. Cumaine, main bénissante, Christ Glorieux
  10. Aggripa, fouet, Flagellation
  11. Delphique, couronne, Couronnement d’épines
  12. Phrygienne, oriflamme, Résurrection

Visité en 2024.

 

Place de l’Eglise 29400 Lampaul-Guimiliau

Accès libre

 

Sources:

https://www.ciap-enclos.fr/enclos/lampaul-guimiliau-2/

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