Les "Étagères de la Nuit"

Une soixantaine de boîtes à crâne subsistent en Bretagne, aujourd'hui. Les « étagères de la nuit » de la cathédrale de Saint-Pol en conservent une bonne moitié, 32 précisément.

Ces boîtes sont peintes en noir, bleu ou blanc, avec le nom du mort selon qu'il s'agit d'un adulte, d'une jeune fille, d'un jeune homme ou d'un enfant. C'est à Yves-Pascal Castel que l'on doit l'appellation d'« étagères de la nuit ». Jeunes et plus âgés, pauvres et riches y reposent, dans la stricte égalité de la mort. Le « chef » de Hamon Barbier, créateur du château de Kerjean, voisine avec celui de Claude Le Lann, sabotier dans la rue des Minimes...

C'est l'une des curiosités majeures de la cathédrale, en tout cas l'une des caractéristiques de l'édifice les plus sollicitées par les visiteurs. Les boîtes reliquaires ou « boîtes à crâne », comme on les appelle familièrement, sont proposées au regard sur des étagères aménagées dans l'enfeu du déambulatoire nord, non loin de la porte Saint-Matthieu. Pas de risque de vol : une solide grille cadenassée protège les boîtes des collectionneurs macabres. On se souvient du chapardage de visiteurs indélicats quand elles étaient rangées sur le pourtour du choeur, face à l'autel des reliques: En 1984, un crâne est dérobé, et le voleur laisse la boîte vide ; l'année suivante, une boîte et un crâne sont volés simultanément.

 Il s'agit d'un ensemble de trente-deux boîtes en bois, en forme de chapelles surmontées d'une croix. La face avant des boîtes laisse voir leur contenu par une ouverture en forme de trèfle ou de cœur : chaque boîte protège un crâne, identifié par le nom et la date du décès. Les plus anciens de ces objets remontent au XVIe siècle. L'ensemble subsistant est classé au titre des monuments historiques le 23 février 1987.

Comment comprendre une telle pratique, si éloignée des sensibilités de notre époque ? Jusqu'à la fin du XIXe siècle, au bout de cinq années, la coutume était d'exhumer les squelettes pour faire place aux nouveaux défunts. On déposait, en bon ordre, les os dans le charnier et la dalle qui recouvrait la sépulture était rendue à la famille, pieusement conservée par elle dans un endroit apparent du logis. On en trouve ainsi parfois devant l'âtre, qui était resté chez les Léonards une sorte d'autel domestique, ou à l'entrée de la maison, tout de suite après le seuil pour que la première et la dernière pensée des hôtes soient orientées vers leur fin.

Visité en 2024.

 

Place de Guébriant  29250 Saint-Pol-de-Léon

Accès libre

 

Sources:

https://www.letelegramme.fr/finistere/saint-pol-de-leon-29250/spaninsolitespan-les-etageres-de-la-nuit-2494016.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Saint-Paul-Aur%C3%A9lien_de_Saint-Pol-de-L%C3%A9on

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