Les ruines de Largoët conservent un aspect imposant, notamment grâce au donjon octogonal du XIVe siècle. Haut de 45 mètres, il est l'un des plus élevés de France (donjon de Vincennes : 52 mètres).
C'était une tour résidence (destinée à l'habitation seigneuriale) qui comportait cinq étages, tous planchéiés. Ses murs sont épais de 6 mètres et dépassent 9 mètres à certains endroits. L'entrée se faisait au rez-de-chaussée par une porte qui était précédée d'un pont-levis enjambant un fossé. Cette porte s'ouvre sur un couloir long de 7 mètres qui traverse toute l'épaisseur du mur et débouche sur une salle d'environ 40 m². À chacun des étages supérieurs, on retrouvait une salle identique. Au premier étage, on peut encore voir la pièce où séjourna Henri Tudor. L'énorme épaisseur des murs permis aux bâtisseurs un agencement remarquable des circulations verticale et horizontale: deux escaliers à vis sont pris dans l'épaisseur des murs. L'un, partant du rez-de-chaussée et destiné à l'usage seigneurial et à la réception des visiteurs de marque, dessert tous les niveaux jusqu'au chemin de ronde sommital. Un second escalier à vis, plus étroit, situé dans le mur opposé, à usage plus privatif, part du premier étage et dessert les étages supérieurs. À chaque niveau, une petite pièce adjacente, aménagée dans la considérable épaisseur des murs, servait de garde-robe ou de cabinet privé. Toujours à chaque niveau, un étroit couloir menait à des latrines dont le conduit de chute est réservé dans l'épaisseur du mur.
En plus de cet édifice colossal, on trouve à Largoët :
- Une tour ronde de trois étages, du XVe siècle, percée de canonnières au premier niveau, et surmontée d'un bâtiment hexagonal. Elle a été aménagée au XXe siècle pour en faire un pavillon de chasse, et a servi de décor pour le tournage de films historiques, dont Lancelot du Lac et Chouans.
- Un châtelet du XVe siècle, marquant l'entrée de la forteresse, adossé à une autre construction du XIIIe siècle.
- Les restes de la muraille d'enceinte, des douves asséchées et un étang.
- Les ruines d'une construction dénommée "Glacière" qui était destinée à conserver la nourriture
- L'entrée d'un refuge souterrain, au sud de la forteresse, composé de deux salles mais ne possédant aucune autre issue. Il ne s'agirait donc pas de l'entrée du souterrain qui permettait de rejoindre le bourg.
En 910, le pays d’Elven (Plou Elven) est mentionné pour la première fois car un château y est bâtit pour faire face aux attaques des Normands. Le premier seigneur d’Elven connu est Derrien Ier, fils cadet d’Alain le Grand et d’Oreguen de Cornouaille. Cette dernière descend d’une riche lignée puisqu’elle est la petite-fille de Nominoë (800-851), souverain de Bretagne et « père de la Patrie » car unificateur d’une Bretagne indépendante. Quant à Alain le Grand, le père de Derrien 1er, il a été roi de Bretagne de 890 à 907.
Néanmoins, le domaine d’Elven passe par alliance à la famille des seigneurs de Malestroit en 1237, puis au Rieu en 1463. Sous la possession des Rieu, le château de Largoët va connaître un évènement majeur de son histoire.
La baronnie échoit donc en 1463 à Jean IV (1447-1518), seigneur de Rieu et maréchal de Bretagne. Conseiller du Duc de Bretagne François II (1435-1488), Jean IV héberge Henri Tudor, duc de Richmond, à partir 1474. Cela répond à la demande du duc de Bretagne car Henri Tudor, âgé de 17 ans, est l’héritier de la maison de Lancastre, famille ayant des prétentions sur la couronne anglaise. Opposé aux héritiers de la maison d’York lors de la guerre des Deux-Roses, et surtout à Edouard IV (roi d’Angleterre de 1471 à 1483), Henri Tudor prétend être l’héritier légitime du trône anglais.
En danger sur le sol anglais, le duc de Richmond trouve donc refuge en Bretagne dès 1471 sous la protection du duc de Bretagne et allié des Lancastre. Il est donc mis à l’abri en résidence surveillée au château de Largoët pendant 18 mois. Surtout, après un exil de 14 ans, Henri Tudor rentre en Angleterre pour être couronné roi sous le nom d’Henri VII. Le château de Largoët a donc été la résidence pendant plus d’un an d’un roi d’Angleterre.
Homme de confiance du duc de Bretagne, Jean IV joue également un rôle essentiel dans la lutte de la Bretagne face à la France. En 1488, il commande l’armée Bretonne lors de la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier face à Charles VIII (roi de France de 1483 à 1498). Après la victoire des Français sur les Bretons, la forteresse de Largoët est brulée.
A la mort du duc François II, toujours en 1488, Jean IV est nommé tuteur de la fille de duc, la duchesse Anne de Bretagne (1477-1514). D’ailleurs, après le mariage de la Duchesse avec le roi de France Charles VIII en 1491, le seigneur de Rieu passe au service du roi de France. La désormais reine de France, Anne de Bretagne, fait alors en sorte de restaurer la forteresse de Largoët.
En 1656, le château de Largoët est vendu à l’état d’abandon et de ruines au surintendant des finances du roi de France Louis XIV (règne de 1643 à 1715). Ce surintendant n’est autre que le fameux Nicolas Fouquet (1615-1680), homme du XVIIe siècle à la puissante fortune, bâtisseur du magnifique château de Vaux le Viconte avant de connaître une brutale déchéance. Nicolas Fouquet possède le château pendant 30 ans. Après la mort de son mari en 1686, l’épouse du surintendant, Madeleine de Castille, vend le château à Michel de Trémereuc, conseiller au parlement de Bretagne. Actuellement, la forteresse appartient toujours aux descendants des Tréméreuc, depuis plus de trois siècles.
Au XIXe siècle, le château de Largoët est sauvé de la démolition par Prosper Mérimée (1803-1870), inspecteur général des Monuments Historiques. Dans une période romantique où les ruines du Moyen-Age rencontrent un vif succès, la forteresse de Largoët est alors classée aux monuments historiques, en 1862.
L'ensemble des ruines fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 11 août 1932. La basse-cour, les douves, l'étang, la digue de l'étang, les ruines de la chapelle, les façades et toitures de la maison de garde, le portail à double entrée (cochère et piétonne), le puits, les quatre piliers placés au carrefour des deux allées principales du bois, les deux piliers placés à l'entrée du domaine en bordure du chemin rural des Tours d'Elven, et, pour finir, les murs de clôture du domaine font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 11 décembre 2000.
Visité en 2025.
All. des Tours de l'Argoet, 56250 Elven
Accès payant
Sources:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Forteresse_de_Largo%C3%ABt
https://www.histourismo.fr/monuments/chateau-de-france/bretagne/largoet/
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